Les Inrockuptibles : Juin / juillet 1989 (n°17)

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Il arrive parfois que les objectifs respectifs de l'artiste et de la maison de disques soient différents. Tu es heureux qu'on écoute tes disques, tu as un public qui te suffit. Mais peut-être qu'il y a un responsable du marketing dans ta maison de disques, qui attend ton hit-single, qui se demande quand tu décrocheras enfin un disque d'or...Mais j'adorerais recevoir un disque d'or... Le seul truc, c'est ce qu'il faut faire pour l'avoir. Comment l'avoir ? Faut-il décider un beau jour d'en décrocher un et, pour ce faire, tenter de faire un hit-single qui ressemble à celui qui marche bien ce jour-là ? Je ne crois pas que ce soit une très bonne façon. Pour moi, la seule façon et le seul moyen d'avoir un hit, c'est de faire les disques que j'aime. Et s'il me faut changer quoi que ce soit à mon programme, ce sera très facile de tout abandonner... Je ne veux pas faire un disque qui ne me plaise pas, je n'aime pas les hits.
J'ai toujours pensé que le grand public a bon goût. Encore faut-il qu'on lui propose des choses de bon goût... C'est le grand public qui a fait des Beatles et d'Elvis les plus grands. Et ce sont les meilleurs, je le crois. Une fois de temps en temps, des individus se faufilent et passent, mais ils ne deviennent jamais très connus du grand public. Katrina and The Waves ont eu beaucoup plus de succès que Chet Baker n'en a jamais eu.

Tu pourrais t'enorgueillir de ce que ta musique se situe hors du marché et des médias de masse...
Je peux vivre sans être une star comme Madonna, sans être archi-connu. Par contre, je veux avoir suffisamment de succès pour continuer à faire des disques. 

 

Je ne veux pas être fauché. Je l'ai été et vraiment, j'ai horreur de la pauvreté. Il me faut assez d'argent pour me payer un repas au chinois une fois par semaine. Je n'ai aucune garantie de ne pas me retrouver sans un sou dans six mois. Je n'ai pas de maison qui m'appartienne. J'ai bien une Chevy 64, mais tout le reste est loué...

La Chevy, c'est une belle voiture de collection, non ?
Ben non, c'est juste une Chevy 64, clean, sans frime. Elle n'est pas mal d'ailleurs, c'est une Chevy Nova, je te la montrerai, tu verras... Ce que j'ai aujourd'hui, c'est la vie plutôt agréable d'un gars célibataire, typique du genre. Je n'ai pas de quoi fonder une famille, pas de quoi m'assurer un avenir. Ce que je possède, ce sont surtout des guitares et un juke-box... Rester sous contrat avec une maison de disques, voilà ce qui m'importe vraiment. Parfois, je deviens fou, je me demande ce que je fais là... Je travaille tout le temps, je n'ai pas vraiment le temps de pouvoir faire autre chose, mais bon, j'adore faire des disques... Et ce serait pathétique si, comme ça se produira sûrement, je continue à aimer ça longtemps après que les gens aient arrêté d'écouter mes disques... C'est plutôt effrayant, non ? Ça arrive à plein de gens.

Regarde Roy Orbison : il avait disparu pendant dix ou quinze ans avant de revenir.
Mais c'était une star quand il s'est retiré, ça change tout. Regarde ce qui s'est passé pour Chet Baker. Quand nous en parlions ensemble, il me disait que dans les années soixante-dix, il avait travaillé dans une station-service. Ça, c'est dur à appréhender: le fait qu'en 1966, on puisse être numéro un du jazz mondial, le vocaliste number one, et que quatre ans plus tard, en 70, d'un seul coup, on ne soit plus du tout ce jeune homme branché, cool, à la mode, qui donnait des interviews, qui voyageait à travers l'Europe en première classe... Vous êtes à peine plus âgé et vous vous retrouvez à bosser dans une station-service... C'est presque plus dur que d'avoir été pompiste toute sa vie. Parce que là, à chaque voiture que vous servez, vous vous dites "Mais qu'est-ce que je fous là ?..." Lui, il a survécu et est revenu. Je me trompe peut-être, mais je crois que Roy Orbison, au moins, où qu'il aille, avait toujours un groupe de fans qui l'attendait, qui lui, disait "Nous, on t'aime", "Ta musique a de la classe"... Mais je m'imagine très facilement connaître des moments... où j'en serais à faire n'importe quoi, histoire de payer mon loyer, de financer mes habitudes... Fini de faire des disques... Et c'est pour cela que j'ai été aussi heureux d'acheter ce magnéto, là... Tu sais ce que c'est, ça ? C'est. un magnéto DAT, Digital Audio Tape. Il est tout petit, très simple, je peux m'en servir tout seul. J'aime pas beaucoup les trucs électroniques, mais celui-ci est simple, je sais le faire marcher. La qualité de l'enregistrement est si bonne qu'on peut faire un disque avec !
En une seule prise, bien sûr. Je me suis dit "This is it, man". Si un jour je n'ai plus une thune, je pourrais toujours dire aux gars de venir et on fera une seule prise. On la fera, voilà... Je ferai mes chansons avec ça.
Mais quand même, il faut que je garde mon job. Si je sors des disques sans avoir un seul hit, un beau jour, les types de ma maison de disques viendront me voir en me disant "Hey, on t'adore, mais goodbye."

Ils gardent certains artistes très longtemps, Randy Newman par exemple…
Qui a fini par faire un hit. Il a fait "I love L.A.", "Once in a while"... Mais ce qui compte pour moi, c'est de bien travailler, de faire un bon boulot. Mes deux premiers albums n'ont pas encore donné de single, mais je sais, je sens que celui qui achète un de mes disques ne se dira jamais que c'est un mauvais disque. Peut-être qu'il n'aimera pas certains détails, mais on voit bien, enfin j'espère, que ceux qui ont fait ce disque ont vraiment travaillé. Les chansons sont bien foutues, c'est du bon boulot. Pas besoin de hit pour qu'un album soit bon.

Et ce titre qui figure sur la bande originale du film de Jonathan Demme, "Married to the mob" ("Veuve mais pas trop") ? Il aurait pu faire un hit, à mon avis. Tu n'a pas voulu le mettre sur l'album ?
Ce titre-là, je l'ai fait spécialement pour le film. J'en avais déjà onze pour l'album, sur le compact en tout cas, et ils étaient assez longs. Il y a deux choses différentes sur le compact, une chanson en plus et une version plus longue de "Heat of the jungle", avec des bruits bizarres, un bébé qui pleure... (rires)... Il n'y avait plus personne dans le studio, je me suis laissé emporter, je me suis dit que pour une fois, il fallait en profiter ! J'ai pu faire ce que je voulais, et j'ai rajouté des effets étranges... Si ça se trouve, j'ai ruiné ma carrière ce jour-là, ou l'album...

Tu avais également un rôle dans le film...
Un rôle à ma mesure : j'étais en costard, j'avais un flingue et je tirais sur tout le monde. Les acteurs et les pros du tournage ont dû me prendre pour un simplet: quand j'ai fini ma partie, juste avant de m'en aller, j'ai demandé du bout des lèvres si je pouvais garder le costard. Come on, Chris... Du coup, j'étais tout heureux d'hériter du tuxedo, des pompes. Par contre, ils ont gardé le fusil automatique (rires)... J'aimerais vraiment refaire un film, je ne prends pas ça à la légère.
Quand j'étais jeune, mes parents étaient du genre hippie, du moins dans l'esprit. Il n'y a jamais eu de pression sur moi pour que je devienne médecin, ou quelque chose du genre. Ma mère a même plutôt encouragé mes velléités de musicien, elle m'emmenait dans les junk stores de Stockton, où tu pouvais avoir une dizaine de disques pour, disons, cinquante cents (rires)... Maintenant, elle est assez fière de moi, elle aime bien venir me voir sur scène, ça lui donne l'occasion de bouger, de s'habiller. C'est même la seule occasion qu'elle a de s'habiller pour le soir, de sortir. En ce moment, je suis en train de chercher une idée de cadeau pour la Fête des Mères. Quant à mon père... (silence désabusé)... Tu veux manger avant de repartir ? A quelle heure repars-tu ?

J'ai un vol à onze heures, donc...
Allons dîner tout de suite.

Nous descendons manger un morceau au "diner" du coin de la rue, un de ces vestiges du passé qu'on est heureux de ne pas voir disparaître pour laisser la place à un sushi-bar high-tech. Ici, le yuppie ne passe pas. Pour sept dollars, on peut se restaurer d'une soupe, d'une salade, d'un plat de poulet grillé et d'une crème glacée. Un lieu qui respire le bon gros sens et la solidité des "smalltowns", un peu à l'image de Chris, bien à l'écart de la veulerie ambiante et des milieux friqués-hip-branchés-design qui font ravage dans les grandes villes du coin. Il résume l'endroit: On mange de la salade à la vinaigrette française, appelée "Italian dressing", dans un "diner" américain tenu par des Chinois... Only in America ! 

Tu écris toujours des nouvelles, des histoires courtes ? Tu n'as jamais songé à en faire des chansons ? Avec des personnages, avec des crimes ?
J'aime beaucoup écrire de la poésie et des histoires, j'écris beaucoup d'histoires. J'ai quelques chansons comme ça. "The lonely ones" s'articule autour d'une idée, "Suspicion" aussi. Mais les chansons que j'aime le plus ne racontent pas d'histoire. Celles qui en racontent me paraissent trop "gimmick", on s'éloigne des émotions réelles, au profit d'une histoire. J'aimerais beaucoup en écrire une très simple, un de ces jours. Presque tous les textes de mes chansons préférées sont des textes très très simples, "I'll never let you go because I love you, so sorry that I made you cry, I never let you go because I love you, so please don't ever say goodbye". D'un point de vue poétique, c'est rien du tout, un gosse de huit ans pourrait l'avoir écrit, mais ces mêmes mots avec la bonne musique... On dirait que quelqu'un est là, pour de vrai, en train de nous dire ce qu'il a dans le cœur... Alors que quand une chanson te raconte "Il est quatre heures et quart dans la lumière glauque, je passe ta maison, tu sais, est-ce que tu es assise, là, en train de pleurer, d'ici, je vois une boîte" et commence à donner tous les détails... Très vite on s'éloigne et il reste quelqu'un qui vous raconte une histoire au lieu de vous... donner ses émotions.

Que penses-tu alors de quelqu'un comme Dylan, l'homme qui a transformé les mots en chansons?
Je ne suis pas un immense fan. Je viens de m'acheter un double album de Dylan. Il a fait des trucs que je trouve très bien, mais ce genre de textes... Oui, certains textes sont simples, j'aime bien, comme "Knock knock knockin' on heaven's door, it's been dark, too dark to see"... Mais il n'est pas simple, il possède un grand champ d'écriture. Le folk... J'ai chanté du Bob Dylan, quelques-unes de ses chansons que je jouais à la guitare, mais bon... Je ne crois pas que je ferai trop de choses dans ma carrière, ni de chansons à histoire... C'est comme le dernier Costello, que je trouve pas mal du tout. Le problème avec lui, c'est les textes, trop malins, trop littéraires... Pour moi, ça coupe l'émotion.

Les textes de ton nouvel album évoquent toujours la face sombre de l'amour et de la romance. Ce sont les personnages de tes chansons qui se débattent en enfer, ou tires-tu tout ça de ton expérience personnelle ?
Au départ, je ne pensais pas que je prenais tout ça dans ma propre existence. J'écrivais des chansons, simplement. De bonnes pop-songs. Mais quand on les regarde de plus près, on voit qu'elles expriment assez précisément ce que je ressentais quand je les ai écrites.
Ce qui m'a fait comprendre qu'effectivement j'écrivais dans mes chansons ce qu'il m'arrivait dans la vie, c'est une période très dure que j'ai traversée avec quelqu'un. C'était dur, difficile, la relation ne marchait pas du tout. Moi, j'étais en studio, j'essayais de chanter et je n'y arrivais pas, les chansons étaient impossibles à chanter... Elles exprimaient trop bien ce qui se passait, ce que je ressentais. D'un seul coup, j'ai ouvert les yeux: tout ce qui n'arrivait d'habitude qu'aux autres était en train de m'arriver à moi, contrairement à ce que j'avais toujours cru. J'étais amoureux... Je me regardais dans le miroir en me demandant si j'allais la séduire, j'essayais de plaire à cette fille, je faisais tout pour qu'elle m'aime... Je me creusais la tête pour parler de choses et d'autres, en évitant les sujets de dispute... Je faisais toutes sortes d'efforts pour elle, pour sauver notre histoire, pour gagner son amour... J'avais toujours pensé que l'amour, c'était...

Un jeu cruel, "wicked game " 
C'est un mot assez juste. C'est un jeu qui vous fait passer par des émotions qu'on ne peut refuser. Vous avez déjà été réellement amoureux ? (ricanement caustique)... Un nerf à vif... Il suffit d'un mot, d'un regard, et tout peut s'écrouler. Personne ne souhaite être à ce point vulnérable, mais quand on est amoureux, on le devient vraiment. J'étais là, je pleurais, toute mon éducation macho s'effondrait, je ne pouvais rien faire d'autre que chialer... J'étais tellement amoureux que je tentais de la convaincre, ce qui est vraiment ridicule. Comment convaincre quelqu'un de vous aimer ? Rien n'y fait, c'est ce qu'on comprend plus tard, ce n'est pas de sa faute si elle ne m'aimait pas, elle n'avait pas choisi. Soit on vous aime et c'est fantastique, soit on ne vous aime pas et c'est tragique, parce qu'il n'y a rien à faire. C'est comme ça. Mais quand on est amoureux, on ne voit pas pourquoi elle en préférerait un autre : on peut. gagner autant d'argent qu'un autre, on n'est peut-être pas le plus beau mais on s'occupera d'elle. Elle veut qu'on soit plus gentil ? On devient plus gentil. Plus salaud ? On devient un salaud. On sera tout ce qu'elle veut !... Hélas, ça ne marche pas comme ça.


Quand on te voit sur scène, qu'on discute avec toi, tu sembles bien, tu as beaucoup d'humour... Mais sur tes albums, c'est toujours la noirceur, le drame des romances et la tristesse. C'est un aspect que tu accentues ?
Dans l'ensemble, mes albums me ressemblent assez, je suis comme ça. Quand je suis en public. Je ne le montre pas, je n'ai pas à le montrer dans le cadre de mes rapports avec les gens. Ma musique l'exprime. Mais c'est parfois embarrassant de sentir les regards sur moi, qui vérifient que je suis réellement comme ma musique. Les gens essaient de me prendre au sérieux, alors que je ne me considère pas comme un thème de débat très intéressant. Je prends ma musique très au sérieux, mais pas moi. C'est pour cette raison que je suis positif et enjoué pendant mes concerts, c'est pour qu'on se rende compte que je suis comme tout le monde. 

L'an dernier, nous passions dans un club de Los Angeles et une fille est arrivée, une Française. Je ne l'ai pas vraiment rencontrée, je ne lui ai pas parlé, mais elle m'a écrit. Elle était jolie, vêtue de couleurs sombres, une très jolie fille de dix-neuf ans. Elle disait qu'elle aimait nos chansons, que parfois elle pensait à l'idée du suicide, qu'elle ne savait pas si nous étions bons ou carrément mauvais... Bref, elle avait pas mal de trucs dans la tête et après le show, elle m'a écrit un petit mot qui disait "Je vous ai vu avant le spectacle, avec vos amis surfeurs, en train d'acheter des glaces et de raconter des blagues : vous êtes nul, vous n'êtes pas ce que l'on voit sur scène." Je ne l'ai jamais revue, elle m'a laissé cette note et puis elle est partie, avec le batteur je crois. On ne s'est jamais parlé, même pas une minute. Je l'avais vue assise dans le club, c'était tout. Et quand elle a écrit son histoire, elle venait de me voir, bronzé, parlant à mes amis, passant un bon moment... Elle a dû être extrêmement déçue, elle en a conclu que j'étais en fait l'opposé de ce que je prétendais être sur scène. Alors que justement, ma vie à ce moment-là était un enfer absolu et j'aurais adoré qu'elle voie ce que j'étais vraiment. Mais j'ai compris qu'on se trompait souvent sur l'apparence des gens et qu'il est impossible de savoir ce qui se passe vraiment dans leur vie. Pour elle, de l'extérieur, j'avais la belle vie, je m'amusais bien. Pourtant tout allait mal, j'avais le cœur brisé, je passais mes nuits à chialer... Nous nous disputions sans arrêt, je craignais le pire. Mais ça ne se voyait pas, personne ne s'en serait douté.
Je ne me vois pas aller dans un club l'air déprimé. Quand je joue avec mon groupe dans un club, je suis heureux. J'ai fait deux ou trois concerts où j'étais assez mal. Celui du Nouvel An était particulièrement affreux. J'avais invité une fille à venir voir le show... On invite en général sa petite amie le soir du Nouvel an. Elle n'est pas venue. Du moins pas avec moi, mais avec un autre type. Elle avait choisi de venir à la fête avec l'autre. Quatre autres mecs l'avaient invitée, d'ailleurs... Le genre de détail qui renseigne sur la situation. Et moi, j'étais sur scène, je chantais ... (superbe baryton qui s'élève)... ce qui est particulièrement poignant dans de telles conditions... Vous chantez aussi cette chanson, en France ?

 

Laquelle ?
(Superbe baryton qui s'élève à nouveau)

Ah oui ! Ils la chantent, je crois, oui... "Ce n'est qu'un au revoir, mes frères" (rires)...
C'est une très belle chanson, vraiment très émouvante. Je sais qu'on ne la chante pas partout dans le monde, mais elle devrait être obligatoire. Ici, chacun est censé la chanter le soir du Nouvel an, même si on est dans un groupe de rock... Et donc, à minuit, je l'ai chantée. C'était très lourd. Je regardais les gens, tous d'excellente humeur et moi, sur scène, qui chantait.. Et je savais dans quels bras se trouvait ma girlfriend. Les concerts sont en général plus drôles que celui-ci, on s'amuse bien. Le batteur, est très drôle. Wilsey, mon guitariste, est un allumé total, et il n'y a qu'un type qui le dépasse, c'est Isaak ! (rires)... Ce gars est fou, il vit en reclus, change constamment d'humeur... Il peut être sincère, heureux, désespéré, nous sommes tous les deux pareils ! Il est vraiment drôle. Très drôle. J'ai d'ailleurs reçu une lettre pour James Wilsey. Une lettre de fan pour Jimmy: "Il a des mains de petit animal. Il a de petits yeux d'animal. Je veux qu'il vienne dans mon lit".



Serge K.

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